Sonia ou L’avant-garde
« L’idéologie dominante imposait sa réponse : l’offre et la demande, vérité finale du monde. Tu es libre de refuser de travailler douze heures par jour pour un quignon de pain. Nous trouverons toujours des meurt-de-faim pour accepter. La loi, la liberté d’entreprendre, la république, la démocratie, sont de notre côté. Toi, tu as le choix : accepte, ou refuse et va mourir. Droit du plus fort, êtres humains sur le marché : c’était cette liberté-là qu’ils gravaient sur les frontons de pierre des édifices. C’était ce monde-là qu’ils disaient être le seul possible. Chacun devait être libre même de renoncer à ses droits. C’est ce qu’ils veulent : liberté d’exploiter l’autre, de corrompre ou de broyer celui qui résiste, coudées franches aux prédateurs. La loi les gêne ? A bas les lois ! Ainsi dans la jungle, les bêtes les mieux armées dévorent librement les autres… »
« Sonia me ferait savoir tôt ou tard que notre relation se bornerait à une complicité de militants. Une confusion avait pu s’installer, j’avais interprété ses regards, imaginé un roman. Je devais rejeter ce scénario trivial du vieil homme attiré, en plein dépérissement affectif, par une femme bien plus jeune qui avait croisé sa route mais qui n’avait que faire de lui. »
Ce roman (aux accents orwelliens), intensément humain montre les luttes, les drames et les espoirs de notre monde.